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L’affaire Assange – Histoire d’une persécution politique -

Voici le discours public de Nils Melzer, Rapporteur spécial des Nations unies sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants de 2016 à 2022, prononcé le 27 novembre 2019 sur la chaise libre de la sculpture en bronze de l’artiste italien Davide Dormino : Edward Snowden, Julian Assange et Chelsea Manning se tiennent sur trois chaises, silencieux et droits. Sans broncher. À côté d’eux se tient une quatrième chaise, vide, invitant les gens à se lever et à prendre position :

Pendant des décennies, les dissidents politiques ont été accueillis à bras ouverts par l’Occident, car dans leur combat pour les droits de l’homme, ils étaient persécutés par des régimes dictatoriaux. Mais aujourd’hui, les dissidents occidentaux eux-mêmes sont contraints de chercher asile ailleurs, comme Edward Snowden en Russie ou, jusqu’à récemment, Julian Assange à l’ambassade d’Équateur à Londres. Car l’Occident lui-même a commencé à persécuter ses propres dissidents, à les soumettre à des châtiments draconiens dans des procès politiques à grand spectacle, et à les emprisonner comme de dangereux terroristes dans des prisons de haute sécurité, dans des conditions que l’on ne peut qualifier que d’inhumaines et dégradantes.
Nos gouvernements se sentent menacés par Chelsea Manning, Edward Snowden et Julian Assange, parce que ce sont des lanceurs d’alerte, des journalistes et des militants des droits de l’homme qui ont fourni des preuves solides sur les abus, la corruption et les crimes de guerre des puissants, pour lesquels ils sont maintenant systématiquement diffamés et persécutés. Ce sont les dissidents politiques de l’Occident, et leur persécution est la chasse aux sorcières d’aujourd’hui, car ils menacent les privilèges d’État sans limites qui a échappé à tout contrôle.
Les cas de Manning, Snowden, Assange et d’autres sont le test le plus important de notre époque pour la crédibilité de l’État de droit et de la démocratie en Occident et pour notre engagement en faveur des droits de l’homme. Dans tous ces cas, il ne s’agit pas de la personne, du caractère ou de l’éventuelle inconduite de ses dissidents, mais de la manière dont nos gouvernements traitent les révélations sur leur propre inconduite.
Combien de soldats ont-ils été tenus pour responsables du massacre des civils montrés dans la vidéo Collateral Murder ? Combien d’agents pour la torture systématique des suspects de terrorisme ? Combien de politiciens et de PDG pour les machinations corrompues et inhumaines qui ont été mises en lumière par nos dissidents ? C’est de cela qu’il s’agit. Il s’agit de l’intégrité de l’État de droit, de la crédibilité de nos démocraties et, en définitive, de notre propre dignité humaine et de l’avenir de nos enfants. Ne l’oublions jamais !

L’épilogue du livre peut être lu ici.