« J’ai donc entrepris aujourd’hui, dans ma quatre-vingt-troisième année, de raconter le mythe de ma vie ». C’est au printemps 1957, quatre ans avant sa mort, que C.G. Jung éprouvera le besoin de raconter à sa collaboratrice, Mme Aniela Jaffé, ce qu’il considérait comme l’essentiel de son existence et, rédigeant lui-même les passages les plus importants, la chargea de coordonner le tout. Un des grands fondateurs de la psychanalyse se fait le témoin de lui-même.
Très peu d’événements extérieurs : l’enfance de fils de pasteur, les combats psychiatriques du début du siècle, les voyages en Afrique du Sud et au Nouveau-Mexique, la construction sur un plan symbolique de la tour de Bollingen : autant de précisions autobiographiques qui éclairent cependant la genèse d’une des œuvres qui ont le plus influencé l’essor contemporain de la psychologie des profondeurs. Particulièrement instructive à cet égard est la rencontre avec Freud, puis les démêlés avec le maître, jusqu’à la rupture de l’héritier présomptif à propos du rôle de la sexualité dans le développement du psychisme.
Mais toutes ces aventures ne sont évoquées qu’en fonction des rencontres plus fondamentales du conscient et de l’inconscient. « Ma vie est l’histoire d’un inconscient qui a accompli sa propre réalisation. » Souvenirs, rêves et pensées est l’auto-analyse d’un des grands rêveurs de l’humanité qui s’explique en même temps sur l’au-delà, les mythes, les symboles, l’inconscient collectif et, jamais plus clairement qu’ici, sur la religion.